Macronite ?

Une macronite c’est une maladie, grave, un état morbide d’autant plus grave que les sujets qui en sont atteints ne le savent pas (comme pour certaines maladies mentales) grave enfin, car ce ne sont pas ceux qui en sont atteints qui en souffrent. C’est une maladie dont les effets secondaires se délèguent, du haut vers le bas, de l'élite vers la plèbe, one to many. Ou plutôt, one too many, oui une fois de trop avec cette histoire de p'tit couteau.

Les trois volets de la macronite

Premièrement, il s’agit d'une obsession magnifiquement aveugle pour les idées dominantes, aujourd'hui celles d'Emmanuel Macron (d'où le nom du mal ☺), donc par extension la détestation des idées opposées, ainsi que tous ceux qui les portent. C’est un geste d'amour exclusif, si on aime Macron on ne peut aimer personne d'autre. La macronite, un peu comme l'idée fixe, élimine tous les troubles concurrents. L'allocentrisme est total et démesuré comme le sont les amours adolescentes. Aucune place n'est faite au doute, comme des soldats drogués qui partent en mission, les sujets sont indubitablement sûrs d'eux. La macronite est une arme de destruction massive, le pendant psychologique de la mère de toutes les bombes (expression oh combien photogénique qui vaut sont pesant de macronite).

Mais cet amour n’étant pas assumé, il ne sera pas reconnu, donc jamais ne sera jamais admit. C’est d’ailleurs pour partie grâce à ça que les excès pathogènes sont rendus possibles. Les malades peuvent aller si loin dans leur passion qu’ils perdent parfois la raison, se retirant toute possibilité de freiner leurs élans. La boucle est bouclée.

Pour être complet, il faut préciser que comme pour les amours adolescentes, la macronite n’est pas gratuite, on n’aime jamais par hasard, mais toujours avec des arrière-pensées, conscientes ou inconscientes… Dans certains cas très grave, il s'agit de garder son job et tout ce qui va avec, c'est-à-dire de rester en vie. Il faut entendre vie médiatique — on comprends mieux !

Deuxièmement, la macronite n’affecte que les médias ou plus précisément ceux qui y travaillent. La contagion prend place par exemple devant la machine à café où l’on cause dans une apparente mixité sociale jusqu’au bureau des patrons, et des propriétaires, où là pour le coup il n’y a pas de mixité du tout (cause du mal ☺). Elle touche les journalistes, les éditorialistes, les chroniqueurs, les pigistes, les experts des plateaux télé, les philosophes et autres gourous médiatiques, et même les sans-grade animateurs télé, éventuellement de jeux télévisés, tous l'objet de biais colossaux, invraisemblables tellement ils sont gros. A l'heure où j'écris ces lignes, il y a un gros doute pour les sondologues, sont-ils touchés ? Nul ne le sait, la recherche cherche. Bref, si vous n’êtes pas de ces gens-là, alors la macronite ne peut pas vous atteindre — barrière des espèces.

Il ne faut pas confondre les sujets atteints d’une macronite et les fans d’Emmanuel Macron. Il est tout à fait normal qu’Emmanuel Macron ait des adeptes, des gens qui pensent comme lui, des qui pensent que sa politique est la bonne voire la meilleure… Il y a toujours des prolos qui votent à droite. Ces admirateurs qui parfois militent pour les idées de Macron n'ont absolument aucun pouvoir. Pendant les retransmissions télévisées, ils sont à l’occasion autorisés à se montrer derrière leur héros, mais seulement s’ils sont jeunes ou beaux ou les deux. Même s’ils adorent Macron (même de tout leur cœur), ce sont des sujets sains, au sens où ils ne relèvent pas de la macronite, car simples suppôts, ils n'ont pas de moyens médiatiques.

Toujours à l’abri d’une macronite, il y a aussi la foultitude des personnalités ralliées à Emmanuel Macron, allant de Robert Hue à Pierre Gattaz. Ces gens ne sont pas atteints de macronite non plus, car même s’ils ont un peu accès aux médias, à la différence des sujets atteints, ils ont pour métier de faire la promotion de leurs idées, c’est le cas par exemple Robert qui s’adresse aux communistes (on ne rit pas) et aussi pour Pierre qui lui parle aux patrons (on ne rit toujours pas).

Et enfin troisièmement, l’environnement joue un très grand rôle, comme dans la plupart des maladies mentales. En effet les malades baignent dans un milieu totalement macronisé, l’atmosphère est tellement imprégnée, et ceci de façon constante, qu’au bout d’un temps il ne leur est plus impossible d’en prendre conscience. C'est le principe des lunettes roses dont on oublie qu'on les porte. Immergés dans l’info continue, entraînés dans la spirale du buzz, abrutis par les punchlines, ces gens sont dans l’incapacité de prendre le moindre recul et de se rendre compte non seulement que leur entourage est atteint, mais qu’eux-mêmes sont affectés — le mal est généralisé, métastasé. On pense qu’ils ne sont pas responsables de leurs excès. Possible. Mais même si nos malades nous disent et nous répètent qu’ils sont libres, en vérité ils sont totalement sous le contrôle de leur macronite. Selon le même principe d'action que les émotions qui nous gouvernent, ici c'est l’autocensure prend le contrôle et devient l'outil de coercition le plus efficace en autorisant tous les excès.

Voilà l'objet de ce blog, diagnostiquer les macronites ! Et peut-être aider ces grands malades.

Il faut décourager toute tentative, il faut déprimer les rêveurs, abîmer les espoirs, comme il n'y a pas si longtemps on fusillait pour l'exemple, comme jadis (et aujourd'hui dans certains lieux du monde) on pendait pour l'exemple. Pour faire peur, pour éteindre la lumière. Il faut que la « populace » (et ceux qui pensent avec elle), n'ait plus du tout la force, le courage, d'imaginer que l'intégrité, l'honnêteté, puissent être victorieuses. Il faut accabler, écraser. Nicolas Roméas

Mai, 2017


Le billet de Nicolas Roméas Bref résumé de la situation (contagion d'une maladie psychosociale).